LA FACE CACHEE DE LA PEUR

Publié le par Kaye Jean-Claude

Nous avons vu dans le résumé du documentaire sur les Neurosciences, que l'imagerie cérébrale était capable aujourd'hui de mesurer notre subconscient pour y déceler si une marque s'y est imprégnée ou non et pour mesurer les mécanismes subconscients de choix dans nos achats (sachant que cela s'applique aux choix dans notre vie quotidienne, j'oubliais de le mentionner).

 

L'imagerie cérébrale serait-elle capable de mesurer nos peurs enfouies dans nos mémoires profondes ?

Peut-elle servir à évaluer les bénéfices des thérapies post-traumatiques, des sons, du verbe ?

Pouvons-nous porter des peurs qui ne nous appartiennent pas ?

 

C'est ce que le documentaire "LA FACE CACHEE DE NOS PEURS" programmé par Arte le 29/01/2010 nous a démontré, au départ d'une catastrophe gravée dans toutes les mémoires : celle des Twin Towers le 11/09/2001.

Cette catastrophe constitue-t-elle un fardeau encore aujourd'hui ?

 

La peur est communicative et l'anxiété se répand très vite dans les esprits.

 

Il est très difficile d'oublier nos peurs profondes par la volonté et elles peuvent même constituer un instrument de pouvoir.

 

Le Dr Ledoux, responsable d'un centre pour les neurosciences et la recherche sur l'anxiété (Usa), a révolutionné les approches conventionnelles de la peur en prenant le 11/09 comme exemple.

Quant à Marylène Cloître, psychologue spécialisée des les troubles post-traumatiques à l'université de New York, découvre que L'ON PEUT DEVELOPPER DES TROUBLES POST-TRAUMATIQUES SANS AVOIR ASSISTE DIRECTEMENT A UN TRAUMA.

 

Elle analyse 6000 dessins d'enfants représentant le 11/09 et constate avec étonnement des différences fondamentales avec la manière dont les médias répercutent l'événement ; les enfants CREENT DU SENS dans leur dessin et CONTEXTUALISENT.

 

Une autre enquête, faite chez l'adulte une semaine après le drame, montre que les réactions sont différentes selon l'éloignement par rapport au lieu de la catastrophe.

 

L'imagerie est sollicitée pour analyser les cerveaux des victimes les plus touchées se trouvant dans les tours au moment de la catastrophe.

 

Une aide précieuse est apportée aux chercheurs par une victime qui a pour non Elia Zedeno.

Son cas est doublement intéressant car elle a vécu un premier traumatisme dans le même lieu en 1993 puis une deuxième fois lors de l'attentat du 11/09.

Cela ne l'a pas empêchée de devenir guide sur le site Grand Zéro.

A l'époque, pour continuer à vivre, elle avait essayé de faire comme tout le monde mais sans succès : OUBLIER.

 

C'est là, déjà en 1993, que David Silbersweig, neuropsychiatre de la Harvard Médical School, a suivi les IMPACTS BIOLOGIQUES et PSYCHOLOGIQUES de ce premier attentat dans le cerveau d'Elia, et a comparé avec l'imagerie de son cerveau après le 11/09.


Elia n'avait pas réussi à surmonter ses peurs et s'est retrouvée aux urgences de l'hôpital car tout ce qu'elle vivait au quotidien la renvoyait vers son passé.


Bien conseillée, elle a alors un jour décidé "d'inviter sa tristesse à s'asseoir à côté d'elle toute une journée sur le divan", et petit à petit, avec aussi beaucoup de méditation, elle s'est enfin vue autrement qu'en tant que "survivante".

 

Pendant ce temps là Silbersweig poursuit ses travaux débutés en 1980 et répertorie grâce à l'imagerie DEUX CIRCUITS DE LA PEUR :

 

1) Face à une peur subite et importante, le thalamus communique directement avec l'amygdale cérébrale en quelques millièmes de secondes, SANS QUE NOUS AYONS LE MOINDRE CONTRÔLE SUR CE PROCESSUS, lequel se produit à la vitesse de l'éclair. Nous n'avons ni le temps de réfléchir ni de ressentir, pendant que les hormones du stress sont libérées dans le sang.

L'amygdale cérébrale détecte donc le danger avant que nous en ayons conscience et nous fait réagir par exemple par la fuite.

 

2) Le néocortex, excité par les stimulis extérieurs issus d'un événement brutal, active la même amygdale après un traitement complet du stimulus, ce qui prend beaucoup plus de temps.

 

C'est ainsi que des peurs répétitives peuvent enclencher un choc post-traumatique.

 

On assiste donc là pour l'époque, à la première démonstration du TRAITEMENT INCONSCIENT DE L'INFORMATION DANS LE CERVEAU.

 

Le documentaire poursuit avec les études biologiques sur le fonctionnement du cerveau.

 

Le très célèbre psychanalyste et neurobiologiste Eric Kandel de l'Université de Columbia, prix Nobel en 2000, se passionna pour cette toute nouvelle approche.

 

A Harvard il lit Freud, s'intéresse à l'inconscient, cherche le "Sa", le "Moi" et le "Surmoi".

Il étudie en détail la peur chez un mollusque puis chez la souris.

 

Il constate que certains gènes situés dans l'amygdale de la souris contribuent à réguler la peur en allant jusqu'à l'inhiber dans certains cas.

 

Les zones du cortex préfrontal qui prennent des décisions, organisent notre travail, nous aident à penser, N'ONT AUCUN LIEN DIRECT AVEC L'AMYGDALE.

 

LA PENSEE NE PEUT DONC PAS CONTROLER NOS EMOTIONS.

 

Mais cependant, à son tour, l'amygdale possède beaucoup de connexions avec le néocortex, ce qui permet d'influencer notre pensée en la submergeant avec impossibilité d'inverser la tendance.

 

Après l'exemple d'Elia, passons à celui de Chris.

Ce dernier n'a pas pu non plus faire face au 11/9, habité constamment par de l'hypervigileance le jour, les insomnies et cauchemars toutes les nuits.

Ce qui ne l'a pas empêché comme Elia d'aider les autres.

 

En fait, Chris explique qu'il craignait suite au 11/9, de raviver 50 ans de peurs, depuis qu'il avait été maltraité par son père étant adolescent.

Il ne désirait qu'une chose, pour reprendre son expression, laisser à tout prix "la pâte" dans le dentifrice.

 

Par un suivi des plus fins, il se voit expliquer que l'amygdale stocke nos souvenirs émotifs inconscients, et que l'hippocampe élabore les circonstances (mémoire dite cognitive).

Le cortisol, produit par notre biologie dans les situations de stress, va également aider l'hippocampe dans une certaine mesure.

En cas de stress important avec situation de danger, l'être humain réagit comme un animal : la fuite ou l'immobilisation.

Chris s'était complètement figé.

 

Les chercheurs poursuivent avec la mesure de la vulnérabilité des individus face à la peur.

 

Ils constatent qu'il y a une différence importante entre les peurs conscientes et inconscientes.

 

L'angoisse marque biologiquement nos peurs et beaucoup de phobies nous sont transmises par nos parents ou le tissu social.

 

Bonne nouvelle : l'apprentissage renforce la communication neuronale (plasticité synaptique)

Si cet apprentissage est répété, les gènes sécrètent des nouvelles protéines qui créent de nouvelles connexions synaptiques.

 

Kandel jette ainsi les ponts entre biologie et psychologie.

 

Il découvre que la mémoire à long terme induit des modifications anatomiques dans le cerveau. 

 

C'est ainsi qu'un souvenir traumatique modifie le cerveau dans son anatomie tout comme les psychothérapies spécifiques post-traumatique, ce qui est maintenant visible grâce à l'imagerie cérébrale.

Cette imagerie a révolutionné la psychiatrie et les neurosciences avec ce constat (qui vient valider les méthodes de correction de notre Adn dont il est question dans nos formations) :

 

LES MOTS, LA PAROLE peuvent modifier le fonctionnement de notre cerveau.

 

COMMENT SE DEBARRASSER DE NOS PEURS ?

 

Les stratégies actives sont les seules efficaces sur les peurs et il faut donc éliminer les circuits de passivité.

 

QUELS SONT LES MOYENS ERRONES QUE NOUS METTONS EN PLACE SANS SUCCES ?

 

  • L'EXTINCTION : on évite de se confronter à nos peurs et on restera éternellement avec celles-ci sauf si nous nous exposons volontairement à nos peurs, alors les réactions changeront,
  • CHANGER de point de vue, se raisonner, réguler nos émotions,
  • RECONSOLIDATION : désamorcer la répétition de nos peurs dans le cerveau par une médication appropriée et un accompagnement par les méthodes de thérapies post-traumatiques.

En effet et c'est une découverte récente, sachant que quand nous évoquons des peurs contrairement à ce que nous croyons, le cerveau, avant de penser à autre chose, reconstruit chaque fois le souvenir lié à ces peurs dans notre disque dur.

Donc, après avoir été exposé au stimulus de la mémoire de nos peurs sous la conduite de professionnel, la médication prise au bon moment empêchera le restockage de la peur, en inhibant momentanément l'amygdale cérébrale, et cette mémoire sera effaçée !

 

C'est là une découverte scientifique majeure.

 

 

 

Remarque de J-Cl Kaye :

 

Les découvertes révélées dans le documentaire évoqué viennent valider à mon sens par exemple les ateliers sportifs mis sur pieds par l'ex-commissaire Velghe de Charleroi en Belgique, lequel emmène des délinquants dans des sports de l'extrême, lesquels confrontés à leurs peurs, connaissent une véritable transformation.

Attention toutefois, cela ne s'improvise pas et un encadrement compétent est indispensable.

 

Dans un documentaire récent relatif aux dernières découvertes sur la mémoire il a été montré que l'hippocampe (dont question plus haut) mémorise les événements et que l'activité cérébrale est la même que l'on évoque nos souvenirs ou que l'on fasse fonctionner notre imagination.

Le futur est créé à partir de fragments du passé ; nous avons donc intérêt à ne pas renier notre passé...

On ne peut penser au futur qu'à partir de l'âge de 5 ans.

La mémoire n'est complètement opérationnelle qu'à partir de l'âge de ... 25 ans. A ce moment, elle est capable de traiter 200 informations par seconde.

 

Les très anciens souvenirs sont aussi maléables que les récents.

Lorsque nous évoquons un souvenir, le cerveau ré-inscrit chaque fois ce souvenir dans notre disque dur. C'est ainsi que pris au bon moment sous la conduite d'un thérapeute spécialisé en traitement de chocs post-traumatiques, un médicament comme le Propanalol va empêcher la ré-inscription et effacer une mémoire douloureuse comme celle des twin-towers évoquée ci-dessus.


 

 


 

 







Publié dans DOCUMENTAIRES

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article